Quelles sont les conditions préalables à un vol de blindes ?
Tous les joueurs avant vous doivent avoir jeté leur main et vous devez être en fin de parole (c’est-à-dire au bouton ou au cut-off, voire en hi-jack). S’il y a des limpers et que vous relancez, on parlera plutôt de relance d’isolation. Si vous relancez plus loin que les trois positions de fin de parole, ce n’est pas un vol de blindes.
Quels avantages y-a-t’il à voler les blindes ?
Le poker est une bataille pour les blindes. S’il n’y avait pas de blindes, personne ne jouerait, hormis la paire d’As, puisque attendre ne coûterait rien. Le jeu ne serait alors pas intéressant. Les blindes sont là justement pour forcer les joueurs à jouer, en créant un pot de départ et en obligeant à chaque main deux joueurs à poster ces mises obligatoires.
Partant de ce constat, vous vous engagez dans un coup avant tout pour prendre ce qu’il y a au milieu. Le vol de blindes est très rentable car vous allez relancer quand personne n’aura joué avant vous, donc le champ d’adversaires est déjà réduit et vous avez plus de chances de gagner le pot. Et vous allez relancer en position, c’est-à-dire que vous serez le dernier, ou un des derniers, joueur à parler après le flop. Vous disposerez donc d’informations supplémentaires sur vos adversaires et cela constitue un avantage considérable.
La position du bouton est la meilleure pour tenter un vol de blindes.
Avec quelles mains pouvez-vous tenter de voler les blindes ?
Voici un range de mains classique pour relancer quand vous vous trouvez au bouton ou au cut-off et que tout le monde a jeté ses cartes avant vous.
Ces ranges de mains sont typiques d’un joueur serré. Ils peuvent être élargis selon la table et les joueurs aux blindes. Le range du cut-off peut être considérablement élargi si le bouton est un joueur très serré.
Quels joueurs sont les meilleures cibles pour le vol de blindes ?
Le vol de blindes repose en grande partie sur le principe de la fold equity , c’est-à-dire la probabilité de faire coucher votre adversaire lorsque vous relancez. Par conséquent, plus les joueurs aux blinds sont serrés, plus rentable sera votre vol.
Examinons les probabilités qu’aucun joueur restant n’ait :
Main Premium : 90,8 % (2 joueurs restants) / 86,6 % (3 joueurs restants)
AA à 10-10, AR, AD
Très bonne main : 84,6 % (2 joueurs restants) / 77,9 % (3 joueurs restants)
AA à 8-8, AR, AD, AV, RD
Bonne main : 67,4 % (2 joueurs restants) / 55,3 % (3 joueurs restants)
AA à 2-2, toutes les broadway
Comme on le voit, les probabilités que vous tombiez contre une grosse main quand vous relancez du bouton ou du cut-off sont faibles. Vous ne devez donc pas avoir peur de voler les blinds. Au bouton, vous pouvez attaquer de façon profitable les joueurs serrés très régulièrement. Vous devez légèrement resserrer votre range de vol contre des opposants larges, car ils vont vous payer avec plus de mains, donc plus souvent que les joueurs serrés. Au cut-off, vous devez également être plus sélectif, car il reste trois joueurs derrière vous et surtout le bouton qui a la position sur vous. Si le bouton est loose et vous calle régulièrement en position, vous devez avoir un range d’attaque très tight.
Le range de mains de call préflop de vos adversaires est donc la clef du vol de blindes et va influer sur la fréquence de vos tentatives de vol.
Taille des relances
Relance à 3x la grosse blinde : Si vous remportez le pot préflop 2 fois sur 3, vous effectuez un profit immédiat.
Relance à 4x la grosse blinde : Si vous remportez le pot préflop 3 fois sur 4, vous effectuez un profit immédiat.
La relance à 2x la grosse blinde est fortement déconseillée, car elle donne à la petite blinde une cote de plus de 2 contre 1 et à la grosse blinde une cote de 3,5 contre 1. Avec une telle cote, les blindes peuvent théoriquement payer avec n’importe quelles cartes!
La relance à 2,5x la grosse blinde donne des cotes légèrement inférieures aux blindes et est surtout utilisée en fin de tournoi, quand les blindes sont élevées et la profondeur des tapis faible.
Vous devriez le plus souvent faire un continuation bet en position.
Continuité du vol de blindes après le flop
Vous avez relancé préflop mais vous avez été payé par la grosse blinde. Pas de panique! Même si votre première tentative préflop a échoué, vous pouvez encore remporter le pot. Examinons les probabilités que notre adversaire batte une paire de 2 au flop :
L’adversaire joue seulement les mains premium >>> 64 %
L’adversaire joue les très bonnes mains >>> 56,7 %
L’adversaire joue les bonnes mains >>> 49 %
Un continuation bet de ½ pot est rentable si nous gagnons le pot 33 % des fois.
Un continuation bet de 2/3 du pot est rentable si nous gagnons le pot 40 % des fois.
On voit donc qu’il faut effectuer un continuation bet en position quasi systématiquement si notre adversaire checke le flop. Vous raflerez le pot un nombre important de fois, sans compter les fois où votre adversaire fait face à un tableau effrayant (par exemple il a 4-4 sur un flop : V-D-R).
Cohérence jeu légitime / bluff
C’est un point très important pour garder le brouillard sur votre stratégie et masquer vos vols. Vous devez effectuer les mêmes actions et les mêmes mises que vous ayez touché un jeu légitime (top paire ou plus par exemple) ou absolument rien! Si vous slowplayez vos bons jeux, des adversaires observateurs vont s’en rendre compte et s’ajuster face à vous. En conséquence, vous devez miser même si vous floppez un brelan. Cette stratégie vous permet de mettre la pression sur votre adversaire en permanence, qui doit jouer un coup relancé hors-position. Elle vous permet aussi de rentabiliser vos bonnes mains quand votre adversaire décide de vous relancer alors que vous possédez un meilleur jeu que lui.
Une chose primordiale est par contre d’abandonner le coup si vous êtes check/raisé et n’avez rien, ou si votre adversaire ouvre fortement au flop. Vous pouvez aussi checker le turn si vous n’avez toujours rien et que vous avez été payé. L’avantage d’être agressif est que vous aurez souvent des cartes gratuites et pourrez mieux jouer vos tirages et les rentabiliser car vous avez la position sur votre adversaire.
Défense contre le vol de blindes
La meilleure défense quand vous êtes aux blindes et qu’un adversaire tente visiblement de les voler est de le relancer (3 bet). En effet, si vous payez, vous serez hors-position durant 3 tours d’enchères. Vous ne toucherez une paire ou mieux qu’une fois sur trois au flop et même si vous touchez quelque chose, vous pouvez vous retrouver en difficulté postflop face à un bon joueur.
Vous pouvez relancer avec toutes les paires, car ce sont des mains fortes à la distribution mais qui rencontrent beaucoup d’overcards au flop. Vous pouvez également relancer avec les gros As (A-9 +) et les mains broadway. Ces mains sont délicates à jouer quand vous n’avez pas la position, mieux vaut remporter le pot préflop.
Avec des connecteurs assortis, vous pouvez simplement caller la relance et essayer de toucher un jeu fait ou un bon tirage au flop. Dans ce cas, vous effectuerez un check/raise quand votre adversaire fera son continuation bet. C’est un move souvent profitable.
Vous pouvez également piéger votre adversaire avec AA, RR voire A-R. Vous callez simplement, et vous le check/raisez au flop après qu’il ait misé. S’il est très agressif, il pourrait même ne pas vous croire et vous relancer s’il a trouvé quelque chose.